16 juil. 2011

Interventions en situation d'urgence

Pour la protection de l'enfant en danger ou victime de mauvais traitements, le médecin sera amené à faire une évaluation de la situation vécue par l'enfant et un constat des lésions organiques ou des troubles psychologiques induits par la maltraitance ; s'il constate que la santé ou le développement de l'enfant est compromis ou menacé, et sans préjudice des compétences et de la saisine des autorités judiciaires, il en rend compte sans délai aux services départementaux compétents et avertit le médecin responsable départemental.
En cas de maladies transmissibles survenues en milieu scolaire (toxi-infections alimentaires, méningite cérébrospinale, tuberculose...) le médecin conseille le directeur d'école ou le chef d'établissement dans l'application des mesures prophylactiques de protection individuelle ou collective et se tient disponible pour toutes informations utiles auprès des enseignants et des parents d'élèves.

Le médecin scolaire profitera des bilans ou examens de santé pour dispenser aux jeunes scolarisés et aux familles, conseils et informations sur la santé.
Il participera par ailleurs à l'élaboration du projet santé de l'établissement à partir de l'évaluation des besoins des élèves et du repérage des situations facteurs de risques.
Cette éducation à la santé est axée sur plusieurs thèmes en fonction du cycle scolaire.
En cycle primaire, elle comprend l'apprentissage de l'hygiène (corporelle, dentaire), de l'alimentation, l'étude des rythmes de vie, des rythmes biologiques, la prévention des accidents domestiques.
En cycle secondaire, on insiste sur l'équilibre physiologique nécessaire à une bonne scolarité ; des actions spécifiques peuvent être menées concernant les toxicomanies, l'alcoolisme, le tabagisme, l'automédication, l'éducation sexuelle (contraception, prévention des maladies sexuellement transmissibles).

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Examens à l'âge scolaire


La responsabilité des actions de promotion de la santé en faveur des enfants et des adolescents en milieu scolaire a été confiée au ministère de l'Education nationale par le décret du 21 décembre 1984. La réunification de la gestion de la totalité des moyens du service a pris effet le 1er janvier 1991, au sein de ce ministère. Le service de santé scolaire est ainsi devenu le service de promotion de la santé en faveur des élèves. La nouvelle organisation prévoit que les actions de santé sont désormais assurées par deux services qui agissent en étroite collaboration : le service médical et le service infirmier.
La circulaire du 24 juin 1991 fixe les deux grandes missions du service de promotion de la santé en faveur des élèves :
- d'une part la réalisation de deux bilans à des âges importants du développement de l'enfant et de sa scolarité. Il est nécessaire, en effet, pour la bonne scolarité de l'enfant que le dépistage des handicaps soit effectué le plus précocement possible à l'école maternelle. Aussi l'effort sera-t-il porté sur le bilan obligatoire pour tous les élèves au cours de leur sixième année dans le prolongement des dépistages réalisés par la PMI au cours du cycle des apprentissages premiers. Il est prévu par ailleurs un bilan d'orientation au cours de la troisième, dernière année du collège ;
- d'autre part, des actions de protection, de prévention et d'éducation à la santé, conçue dans toutes ses composantes : physique, mentale, sociale, dans le cadre d'un projet intégré au projet d'école et d'établissement et visant à impliquer les jeunes comme acteurs de prévention à partir de l'expression de leur besoins et de leurs interrogations.

Seul bilan systématique obligatoire, il doit être réalisé chez tous les enfants en grande section de maternelle ; il est effectué en cours préparatoire par les enfants qui n'ont pu normalement satisfaire à cette obligation.
L'examen est assez semblable à celui décrit pour l'enfant de 3 ans : il se déroule dans le même établissement avec la coopération des enseignants qui doivent annoncer aux familles la visite et en fixer l'horaire. Le médecin disposera du carnet de santé et des fiches remplies par les parents et l'enseignant ainsi que des documents transmis par la PMI.
L'examen se déroule comme précédemment.
Insistons sur le contrôle tuberculinique, puisque le règlement, datant de 1950, prévoit que l'enfant doit être vacciné contre la tuberculose par le BCG à son entrée à l'école élémentaire.
L'infirmière réalise les examens biométriques et sensoriels plus facilement pratiqués à cet âge (SVT pour la vision, audivérification pour l'audition).
Il en est de même de l'évaluation du développement intellectuel. Rappelons qu'un bon examen à 3 ou 4 ans aura dû dépister les infirmités et les troubles de l'adaptation. Il s'agira donc plus souvent d'évaluer l'efficacité des mesures prises précédemment que de dépister des troubles d'apparition récente. A cet âge, la latéralité doit s'affirmer et les tests graphomoteurs et graphoperceptifs (reproduction d'un carré, d'un losange, d'une ligne spiralée) sont importants car permettant de juger de l'aptitude de l'enfant à l'écriture.
Chaque médecin peut avoir sa propre technique d'examen tirée des tests de Brunet-Lezine, de Zazzo ou de Denver. Au terme de l'examen, le médecin et l'infirmière effectuent une synthèse en tenant compte non seulement des facteurs médicaux mais aussi du degré de maturité et des facteurs sociaux. Le médecin scolaire informera la famille, le médecin de famille et recommandera si nécessaire de prendre l'avis d'un spécialiste. Il s'entretiendra de la situation de l'enfant avec l'institutrice. Son rôle ne consiste pas seulement à soupçonner ou dépister l'anomalie mais à s'assurer qu'une suite est donnée à ce dépistage.

Un bilan de santé peut avoir lieu lors de l'entrée au collège (CM2 ou 6e) en fonction des besoins recensés.
A partir des données recueillies auprès des infirmières chargées du dépistage et du suivi, il peut s'avérer nécessaire de faire le point sur l'état de santé de certains enfants et sur les actions qu'il faudra promouvoir pour faciliter leur adaptation dans le cycle secondaire. Il ne faut pas oublier que les myopies ont tendance à s'accentuer entre six et douze ans. Les caries dentaires, faute d'une prévention efficace, sont en général plus nombreuses et touchent cette fois les dents définitives.

Un bilan de santé s'impose dans le cadre de la procédure d'orientation à l'issue de la scolarité au collège. Il permet de faire de la prévention dans le domaine de l'hygiène de vie et de l'adaptation du jeune au travail. L'examen de l'élève présente ainsi une double finalité :
- l'aider à faire un choix éclairé pour son avenir professionnel en l'informant sur sa santé, ses aptitudes et sur les contraintes liées aux conditions d'apprentissage et de travail ;
- proposer un espace d'écoute et de dialogue avec l'élève en pleine adolescence en abordant notamment les problèmes relatifs à la sexualité et, si nécessaire, en poursuivant l'action préventive entreprise à l'égard des consommations nocives (tabac, alcool, drogues).
Dans le cadre de la réglementation d'hygiène et de sécurité du code du travail, le médecin scolaire donne un avis sur l'aptitude du jeune à travailler sur des machines dangereuses. Cette action préventive s'effectue en relation avec l'inspection du travail.

La demande peut être exprimée par les parents, l'élève lui-même, le médecin, l'infirmière, l'assistante sociale ou tout membre de l'équipe éducative.
Ces examens sont offerts à tous les jeunes enfants ou adolescents et en particulier aux plus vulnérables ou défavorisés pour lesquels il convient d'éviter qu'un déficit sensoriel ou somatique ne provoque ou n'aggrave l'échec scolaire. Ce sont des moments privilégiés pour proposer aux jeunes une écoute à leurs difficultés, les aider à les maîtriser pour une meilleure intégration dans la vie scolaire ou sociale.
Ces interventions s'inscrivent dans l'intervalle et en complément des bilans de santé et permettent d'effectuer un suivi spécifique du jeune en situation scolaire.
C'est également dans ce cadre que se situent :
- le suivi des élèves en difficulté ;
- le suivi particulier des élèves pour lesquels une inaptitude à la pratique de l'éducation physique et sportive, totale ou partielle, supérieure à 3 mois consécutifs ou cumulée pour l'année scolaire en cours, a été prononcée ;
- l'aide à l'intégration des enfants handicapés ;
- les actions médico-psycho-pédagogiques concourant à l'adaptation et l'orientation des élèves notamment par l'élaboration des dossiers traités et la participation aux travaux des commissions spécialisées ou de leurs équipes techniques.
Les familles et, si elles le souhaitent, les médecins traitants doivent être informés de toute affection ou trouble découverts à l'occasion de ces examens.
Le médecin scolaire leur donne tous conseils utiles sur les orientations thérapeutiques souhaitables, sur les possibilités offertes au niveau des réseaux d'aide spécialisés et des structures de soins ou de rééducation.
Il donne également aux enseignants les recommandations appropriées afin que toutes mesures soient prises pour faciliter la bonne adaptation des élèves
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Développement psychomoteur et intellectuel

A cet âge, on s'y attachera encore plus. Il ne s'agit pas de faire un examen complet spécialisé mais, par quelques items, d'apprécier si le développement de l'enfant est normal ou présente des anomalies nécessitant l'avis d'un spécialiste.
L'examen recherchera :
- des troubles du langage : retard, langage « bébé », troubles articulatoires souvent liés à une perturbation des relations de l'enfant et de son entourage ou à un trouble de l'audition ; l'épreuve de repérage des troubles du langage à 4 ans (ERTL4) mise au point à Nancy précise les méthodes d'exploration de la parole et du langage ;
- des troubles du comportement à type d'inhibition, d'instabilité, de non-participation à la classe. Ce sont des manifestations le plus souvent banales mais qui peuvent marquer le début d'une structuration pathologique caractérielle, névrotique ou psychotique, donc à surveiller ;
- des troubles psychosomatiques alimentaires, sphinctériens, du sommeil... douleurs abdominales, eczéma, asthme... ;
- des difficultés du contrôle tonique et moteur invitant à rechercher une pathologie organique : une instabilité psychomotrice avec troubles de l'attention est souvent liée à un malaise relationnel de l'enfant et de son entourage et aggravée par la mauvaise tolérance de l'entourage ;
- des dyspraxies, déficits de l'organisation et de la réalisation de certains gestes souvent liés à une désorganisation du schéma corporel et de l'organisation spatiale.
La latéralité, c'est-à-dire la dominance fonctionnelle d'un côté du corps, n'est pas encore bien établie à cet âge et ne peut guère être évaluée définitivement avant 6-7 ans. L'éducation joue un rôle considérable dans l'établissement de cette latéralisation. On la recherchera donc au niveau de la main (distribution des cartes, adiadococinésie), de l'oeil (visée), du pied (cou de pied dans le ballon, saut de pied) et si la dominance gauche semble exister, on évitera certains dressages sociaux par contrainte ou simplement par l'exemple.
Pour faciliter cet examen psychomoteur, on peut encore à cet âge utiliser le test de Brunet-Lezine ou le test de Denver (tableau V).
Certains enfants paraissent particulièrement à risque : ce sont ceux vivant dans un milieu familial perturbé ou dans des conditions socio-culturelles et économiques défavorables : transplantés, ethnies diverses, logement en cités d'urgence, bilinguisme, placements multiples, non-valorisation de l'école, parents séparés, parents alcooliques ou en hospitalisation psychiatrique...
Une enquête a montré que sur 100 enfants en classe de perfectionnement, 70 avaient été en maternelle et parmi eux 42 trouvés « à problèmes » à l'âge de 3 ans. Dans le groupe des 100 témoins, 69 enfants avaient été en maternelle et un seul trouvé en difficulté. On ne saurait trop insister sur ces faits trop souvent négligés par les médecins, peut-être parce que les solutions de ces problèmes sont difficiles et non médicales.
Ceci souligne également la nécessité d'envisager l'enfant dans sa « globalité » et d'effectuer un travail d'équipe avec la collaboration des psychologues, des enseignants, des travailleurs sociaux.
En terminant l'examen, non seulement on aura pu déceler les troubles éventuels, mais on aura dû évaluer leur répercussion sur l'enfant et son entourage. Ceci conduit souvent à donner des conseils aux parents, ce qui nécessite une grande disponibilité du médecin.
Beaucoup de parents ne connaissent pas le développement de l'enfant, ses différentes étapes, les règles qu'il faut respecter, les stimulations qu'il faut donner, la sécurité qu'il faut assurer. Ils ne connaissent pas non plus le rôle de l'école maternelle. Une éducation des parents réunis en groupe constitue une très bonne méthode préventive.
Au terme de cet examen dont nous signalons encore l'importance dans la situation actuelle, le médecin de PMI avisera le médecin de famille et la famille de ses constatations et les incitera, en cas d'anomalie, à demander l'avis d'un spécialiste ou des examens complémentaires. Il notera ses constatations dans le carnet de santé, évitant tout enregistrement qui, mal interprété, pourrait nuire à l'enfant (par exemple coefficient intellectuel [QI].
Il devra s'attacher à suivre l'enfant et à s'assurer qu'une suite a été donnée à son examen : confirmation de l'anomalie, mise en route d'une thérapeutique : ceci nécessite une très grande coopération avec les membres de la famille. Il pourra revoir l'enfant l'année suivante à 4 ans et à 5 ans, le signaler à l'équipe du service de promotion de la santé en faveur des élèves qui prend le relais pour la surveillance.
Plusieurs enquêtes ont montré que les difficultés ne relèvent que dans 20 % de causes médicales. Le plus souvent, surtout pour les inadaptations et les troubles du comportement, il s'agit de causes familiales, sociales et économiques : famille dissociée, mère célibataire, chômage, alcoolisme, troubles psychiatriques... Les remèdes sont alors difficiles et ne peuvent être envisagés qu'au sein d'une équipe pluridisciplinaire.

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Examen de l'appareil locomoteur


le pied plat est la règle à cet âge et ne doit pas donner lieu au port de semelles orthopédiques qui le rendrait permanent ;
- le pied dévié en dedans est lié à une antéversion exagérée du col, qui se corrigera au cours de la croissance ;
- si l'enfant ne pose pas bien son talon par terre, se méfier d'une hémiplégie fruste et pratiquer un examen neurologique minutieux ;
- au niveau du genou, le genu valgum est très fréquent et se constate au maximum à 4 ans : les genoux se touchent et il existe en même temps un certain degré de récurvation. Il faut surveiller l'évolution et la correction se fera généralement spontanément vers 6-7 ans ;
- le genu varum est plus rare et s'accompagne de torsion de la portion jambière ;
- l'inégalité des membres inférieurs entraîne un déséquilibre du bassin et retentit sur la colonne vertébrale. On mesure la longueur des membres cliniquement et radiologiquement ;
- une boiterie à la marche peut être une luxation congénitale de la hanche généralement décelée plus tôt au cours des premiers mois ou au moment de la marche, ou un début de coxa plana ou d'une ostéochondrite de hanche ;
- au niveau de la colonne vertébrale, on note fréquemment, liée à l'hypotonie, une lordose lombaire due à la proéminence de l'abdomen, compensée par une cyphose dorsale, anomalie sans gravité et qui se corrigera avec le développement de la musculature de la paroi abdominale ;
- on peut découvrir une anomalie congénitale non décelée jusque-là. L'existence d'une rotation vertébrale, traduction d'une scoliose structurale, malformation essentielle, est beaucoup plus grave car évolutive ;
- au niveau de la colonne cervicale, l'attitude penchée de la tête, d'un torticolis pouvant entraîner une asymétrie de la face et du crâne, nécessite une correction précoce.
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Examen de l'audition

Il est souvent difficile à réaliser dans des locaux mal adaptés et l'enfant est encore trop jeune pour qu'on utilise l'audivérificateur : un petit nombre d'enfants de cet âge seulement acceptent le casque et surtout répondent correctement en indiquant l'oreille qui reçoit le son.
On utilisera donc les jouets sonores de Moatti ou plus simplement la voix chuchotée.
Certains préconisent un examen impédancemétrique systématique à la recherche d'une otite séreuse. Celle-ci est en effet très fréquente chez l'enfant et entraîne un déficit auditif transmissionnel prédominant sur les fréquences graves de 5 à 40 dB. Avec les appareils automatiques la technique est relativement simple, mais elle n'est pas encore généralisée, souvent du domaine du spécialiste, notamment en raison du coût de ces appareils (20 000 à 35 000 F).

Surtout, il convient de se rappeler qu'à cet âge les troubles de l'audition entraînent un retard de l'acquisition du langage. Il faudra donc apprécier la force et la modulation des sons émis ainsi que le vocabulaire qui doit être étendu et intelligible. Ceci se fait en demandant à l'enfant son prénom et son nom de famille, de dire son sexe, en vérifiant s'il emploie le « je », le « moi », le » tu », s'il suit trois directions, s'il comprend « sur », « dedans », « devant », « faim », « froid », « fatigue »...
En cas de mauvaise réponse et après avoir examiné les oreilles de l'enfant à la recherche d'un éventuel bouchon de cérumen, on étudiera le comportement de l'enfant dont certains traits ont déjà pu donner l'alarme. Ces symptômes ont été minutieusement décrits par Gesell et Amatruda.
Le test des phrases consiste à demander à l'enfant de répéter des phrases ou d'exécuter des ordres que donne l'examinateur placé derrière l'enfant.
Le test des mots avec indicateur d'images est plus complexe. L'enfant montre du doigt l'image correspondant à la forme phonétique entendue. En fonction des mots bien choisis, il est possible de préciser les troubles d'identification.
Dans le test d'Olivaux, on dispose 25 images devant l'enfant. L'observateur placé à un mètre en face de l'enfant nomme l'image à voix chuchotée et note les bonnes réponses. Un nombre insuffisant de bonnes réponses fait recommencer l'épreuve en demandant à l'enfant de regarder l'observateur. Un pourcentage de bonnes réponses meilleur, grâce à la lecture sur les lèvres, accroît les doutes sur la valeur de l'audition.
La moindre anomalie demandera confirmation auprès du spécialiste (réflexe d'orientation conditionné, ciné-show, électrocochléographie, potentiels évoqués auditifs).
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Examen de la vision

Les grosses lésions sont déjà connues. Le strabisme lui-même a dû être dépisté et traité. L'enfant porte des lunettes mais il convient de vérifier si la correction est toujours bonne en se souvenant que le spécialiste peut volontairement pénaliser un oeil. Mais le strabisme peut avoir été méconnu car discret ou intermittent ou encore d'apparition récente : il sera donc recherché par le test de couverture précédemment décrit. La recherche de l'amblyopie chez un enfant de plus de 3 ans repose sur l'évaluation de l'acuité visuelle.
Celle-ci sera mesurée par une échelle d'optotype. On peut essayer le Stycar Vision Test (SVT) à 5 letters en le présentant à l'enfant comme un nouveau jeu. Si l'enfant, ce qui est fréquent, ne peut reconnaître les lettres, on utilisera alors un optotype image : échelle de Pigassou, échelle de Rossano-Weiss ou échelle d'animaux d'Ardouin. Dans les deux cas, il suffit à l'enfant de désigner parmi les images déposées devant lui celle qui correspond à l'image qu'on lui montre sur la feuille du carnet (SVT) placé à 5 mètres ou sur le tableau placé à 4 mètres (Pigassou). On commence par les deux yeux puis on teste séparément oeil droit et oeil gauche. Certains appareils (Scolatest) permettent d'effectuer cet examen facilement en offrant une séquence toute préparée d'images qui doivent être vues à 2,5 mètres pour éviter la dispersion de l'attention de l'enfant. L'examinateur assis à côté de l'enfant peut, par une manette, faire avancer ou reculer l'image. L'optotype rétro-éclairé se détache dans une fenêtre, supprimant ou au moins diminuant les effets de l'éclairage ambiant. Normalement, à cet âge, l'acuité visuelle dépasse 12/10. Un chiffre égal ou inférieur à 7/10 d'un oeil ou des deux yeux doit entraîner un examen par le spécialiste. Il est rare qu'une acuité de 2 à 3/10 n'ait pas été découverte plus tôt.
On peut enfin, l'enfant étant assis ou occupé à jouer, approcher un objet latéralement pour apprécier son champ visuel. L'examen est complété par l'étude de la vision des couleurs utilisant le Baby Dalton et la vision binoculaire par le Stérostest de Lang.
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Examens entre 2 et 5 ans

A 3 ans, l'enfant quitte son milieu familial pour entrer à l'école maternelle (souvent même de façon abusive entre 2 et 3 ans). Entre 3 et 5 ans, il bénéficie d'examens systématiques : le premier particulièrement important à l'entrée de l'école maternelle (effectué par le service de PMI), le second à 5 ans avant d'entrer à l'école élémentaire (effectué par le service de promotion de la santé en faveur des élèves).
Certains pourraient penser que l'examen à 3 ans, quatorzième examen systématique succédant aux examens du 9e et du 24e mois qui ont donné lieu aux certificats, ne constitue qu'une simple formalité, tous les troubles ayant été dépistés et traités auparavant. D'ailleurs, parents et médecins considèrent souvent que l'enfant à cet âge ne pose pas de problèmes.
Bien au contraire, la quatrième année de vie constitue un âge clef pour le dépistage des infirmités moyennes ou mineures et des inadaptations. En effet, à cet âge on peut obtenir une certaine collaboration de l'enfant et les tests deviennent plus précis. Le développement psychomoteur et intellectuel est devenu plus complet et permet une meilleure exploration, même si avec l'âge la dispersion des performances réalisées par l'enfant s'accroît. Ainsi en est-il du langage qui, au cours de la quatrième année de vie, doit être bien établi. Enfin, à cet âge, pratiquement tous les enfants français sont maintenant en classe maternelle ; l'examen bénéficie de cette scolarisation : possibilités d'avoir l'avis de l'enseignant, de revoir l'enfant au cours de l'année ou les années suivantes en cas de doute.
L'enfant de 3 ans possède une grande variété d'aptitudes physiques : il se déplace rapidement, commence à sauter, à enjamber, il attrape et jette une balle. Il aime être indépendant mais sa confiance en lui n'exclut pas le support d'un environnement familier qui le sécurise. Le langage bien établi lui permet de communiquer, de raconter des histoires, de donner libre cours à son imagination. L'attrait de l'action personnelle favorise l'apprentissage manuel et le développement intellectuel.
L'école maternelle doit favoriser l'évolution de l'enfant, le sortir du milieu familial qui a dû être le sien jusque-là, lui offrir l'apprentissage de la vie collective, le préparer à s'adapter au milieu scolaire puis au milieu social de l'adulte. Cette aide au développement doit être sans excès et toujours complémentaire de la formation familiale. Les méthodes de l'école maternelle sont naturelles et souples, le rythme est adapté aux possibilités. Elles tiennent compte de la pensée enfantine telle qu'elle a été précisée par les psychologues. Les méthodes utilisées sont ouvertes et actives, permettant à l'enfant d'agir, de s'exprimer, en particulier par le jeu. La mise à sa disposition de plantes, d'animaux, d'outils, de matériaux, d'appareils, lui permet de satisfaire son besoin de créer. L'enfant prend conscience de ses possibilités ; il peut juger, comparer. Pour les grands (5 ans), le calcul, la lecture, l'écriture vont constituer de nouveaux moyens de jouer.
L'examen ne doit être pratiqué qu'après trois mois d'école permettant de juger de l'adaptation de l'enfant à ce nouveau mode de vie. La convocation se fait par l'intermédiaire des enseignants qui peuvent fixer le jour et l'heure convenant le mieux aux parents. Ceci permet de remettre le rendez-vous si l'enfant est malade : on s'enquerra d'ailleurs de l'absentéisme qui, important, peut être l'indice de troubles de santé ou sociaux. La convocation est adressée aux deux parents, mais le plus souvent c'est la mère qui sera présente, plus rarement le père, bien que partout on note une augmentation de sa participation.
Le médecin dispose, avant l'examen, d'un certain nombre de documents.
- Le carnet de santé est un document confidentiel, propriété de la famille qui naturellement a tout intérêt à le montrer au médecin examinateur. Très souvent, il est demandé par l'enseignant, ce qui est contraire au principe de confidentialité ; plusieurs circulaires ministérielles l'ont rappelé ; l'enseignant doit donc demander à la famille de remettre le carnet au personnel de santé. Sa présentation et sa tenue varient selon le département mais le remplissage par la famille et le médecin qui suit habituellement l'enfant donne déjà de bons renseignements sur la surveillance dont a bénéficié l'enfant. Il peut servir d'introduction à l'entretien qui doit s'engager avec les parents : on félicite les parents amenant un carnet bien tenu et, à l'opposé, on s'enquerra des raisons pour lesquelles les pages sont peu ou mal remplies.
- La fiche remplie par les parents reproduit, en fait, les renseignements trouvés dans un carnet bien tenu.
- La fiche à remplir par l'enseignant est par contre un document fondamental. En effet, les enseignants des écoles maternelles connaissent parfaitement les possibilités de l'enfant et, après quelques semaines de présence à l'école, peuvent très bien déceler certaines anomalies de son comportement : apathie ou au contraire trop grande turbulence, agressivité, troubles de la démarche, de la préhension, de la vue, de l'audition.
- Ces fiches comportent un nombre variable d'items selon les départements mais, toutes, permettent aux enseignants de mieux préciser les anomalies qu'elles décèlent.
- Les documents de la PMI : tout enfant suivi par le service de PMI possède un dossier dont le type est lui aussi très variable suivant les régions. Une fiche de synthèse est transmise systématiquement au service de promotion de la santé en faveur des élèves qui verra l'enfant en dernière année de maternelle, afin d'assurer une bonne continuité de la surveillance médicale de l'enfant.
L'entretien avec les parents peut débuter par l'examen du carnet de santé et, pour commencer, par l'étude des courbes du développement et la situation des vaccinations : très souvent manque le contrôle tuberculinique. Il sera pratiqué ultérieurement (intradermoréaction à 10 unités internationales) au besoin collectivement à toute la classe au cours d'une seule séance et la réaction lue 4 jours plus tard. Une revaccination sera proposée pour les enfants ayant une réaction négative (induration inférieure à 4 millimètres).
Pendant la conversation avec les parents, on demande à l'enfant, assis devant une table basse, de dessiner un bonhomme puis sa famille. Le test du bonhomme de Goodenough est un test universel, facile à pratiquer et à interpréter.
L'analyse d'urine (recherche de l'albumine et du glucose par des bandelettes d'Uristix®) est pratiquée sur les urines qu'il est préférable de demander à la mère de prélever et d'apporter.
La suite de l'examen peut varier selon l'examinateur. Toutefois, l'ordre suivant paraît satisfaisant
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Examen du 24e mois

Au cours de l'examen sera effectué un bilan du développement somatique, neurologique et psychoaffectif de l'enfant. Le terme bilan implique qu'on envisage l'évolution de ces différents paramètres et qu'on étudie les différents facteurs, non seulement médicaux mais aussi familiaux et sociaux, qui interviennent dans cette évolution.
L'examen peut permettre de déceler une anomalie jusque-là passée inaperçue ou acquise, de suivre l'évolution d'une anomalie antérieurement diagnostiquée et traitée.
L'examen se fera en présence de la mère ou mieux des parents, permettant d'apprécier les relations des parents et de l'enfant et même des parents entre eux. C'est aussi l'occasion d'établir un dialogue et de donner des conseils aux parents. L'interrogatoire et l'examen du carnet de santé renseignent sur les affections qu'a pu présenter l'enfant : affections respiratoires, notamment des voies aériennes supérieures, otites, plus rarement infections urinaires qui ont dû faire penser à une malformation de l'appareil urinaire et, enfin, convulsions allant de la convulsion hyperpyrétique aux différentes formes de comitialité.
- A deux ans, l'enfant est capable de manger seul à la cuillère et doit recevoir une alimentation diversifiée et équilibrée, comportant un bon apport vitaminique et 0,50 à 0,75 mg de fluorure de sodium. On recommandera de ne pas donner de glucides entre les repas (prévention des caries dentaires).
- Le sommeil nocturne est de douze heures, et après le déjeuner l'enfant dort une à deux heures.
- Les mensurations préciseront le poids, la taille, le périmètre crânien (tableau IV).
- Surtout l'enregistrement de ces mensurations sur le carnet de santé et la mise à jour des courbes permettront de juger de la vitesse de croissance. Tout retard de croissance staturopondérale devra faire rechercher sa cause. Alors qu'à la naissance la taille dépend largement des conditions de la vie intra-utérine, durant les 18 premiers mois de la vie, l'enfant va échapper aux influences de la vie intra-utérine, avec une mise en place progressive d'une courbe de croissance conforme à son potentiel génétique propre, qui dépend largement de la taille parentale, qu'il est bon de connaître et de noter. La longueur de l'enfant comporte alors une valeur prédictive, atteignant la moitié de la taille définitive entre 18 mois et 2 ans. Les résultats des mensurations du périmètre crânien doivent être rapportés à l'âge et non à la taille ou au poids.
- L'éruption dentaire n'est pas encore terminée mais 16 dents existent déjà sur les 20 qui marquent la dentition de lait.
- L'examen général n'a rien de particulier. On regardera, comme à 9 mois, l'état de la peau et de la cavité buccale.
- L'examen sensoriel est déjà plus facile mais les gros troubles auront été dépistés auparavant pour la vision. Il se peut que le strabisme n'ait pas encore été diagnostiqué.

 Examen de la vision
L'attention peut être attirée par des petits signes : clignement des yeux ou attitude tête penchée, enfant indifférent à ses jouets, enfant qui bute ou tombe souvent.
La mesure de l'acuité visuelle peut se faire par des jouets miniaturisés de Sheridan (peu connus en France) ou, pour une partie des enfants, au moyen d'optotypes que l'enfant doit montrer par appariement en vision de loin (tests-images notamment ceux de l'échelle de Pigassou).
Il y aura même intérêt à demander systématiquement l'examen par un ophtalmologiste lorsque existent des antécédents familiaux. L'étude de la réfraction sur cycloplégie permettra de préciser et de corriger une myopie, une hypermétropie (normale de 1 à 2 dioptries à cet âge), un astigmatisme. Il faut insister sur l'anisométropie (différence de réfraction entre les deux yeux) souvent responsable d'amblyopie.

 Examen de l'audition
Pour l'audition, un certain nombre de signes peuvent attirer l'attention : l'entourage a noté que l'enfant ne tourne pas la tête lorsqu'on l'appelle, lorsqu'une porte se ferme violemment, quand on entre dans la pièce, que l'enfant est apathique avec parfois des colères violentes. C'est souvent, nous l'avons vu, des troubles du langage qui doivent conduire à rechercher une audition déficiente. L'audition sera testée comme au 9e mois.
Une impédancemétrie est facilement réalisable, notamment en cas de suspicion de pathologie de l'oreille moyenne.

 Examen neuropsychique
L'examen neuropsychique sera pratiqué minutieusement.
Les principaux items du test de Denver à apprécier sont pour :
- la motricité globale : marche à reculons, lance une balle, monte des marches et les descend, donne un coup de pied dans une balle, pédale, sautille sur place ;
- la motricité fine : gribouille spontanément, retire la pastille du flacon, effectue une tour de 4 à 8 cubes, copie un travail vertical ;
- le langage : montre les parties du corps, fait une phrase de deux mots, suit deux ou trois directions, nomme une ou plusieurs images, dit nom, prénom puis sexe, utilise le pluriel ;
- la sociabilité : lave et sèche ses mains, met ses chaussures, enlève un vêtement, demande son pot, se sert d'une cuillère, est propre le jour puis la nuit, joue en groupe.
Les items du Brunet-Lezine sont assez semblables : coup de pied dans le ballon sur ordre, tour de six cubes, essaie de plier le papier en deux, imite un trait, place trois morceaux sur la planchette, nomme deux et montre quatre images, monte et descend seul l'escalier, phrase de plusieurs mots, se nomme par son prénom, aide à ranger ses affaires.
L'enfant à cet âge peut présenter des troubles du comportement social. Le fait qu'il réalise son identité en tant qu'individu semble à l'origine de ce qu'on appelle la phase d'opposition ou de négativisme : l'enfant dit non à tout, ce qui est pour lui une manière de s'affirmer. Il ne faut, ni vouloir briser brutalement la révolte de l'enfant par des châtiments, ni tomber dans l'excès contraire, inspiré par les doctrines psychanalytiques d'un laxisme complet par crainte de frustrations et de « déviations ».
Il faut rechercher les causes d'une apathie de l'enfant : telle qu'on la voit dans l'hospitalisme, mais qui peut relever d'une insuffisance intellectuelle ou même d'autisme.
Dans le domaine affectif, c'est l'âge des passions pour le père ou la mère ou les aînés ; c'est aussi l'âge de la jalousie d'un frère ou d'une soeur plus petite. L'intérêt pour les autres enfants est vif mais le jeu est plus souvent parallèle. Il y a aussi toute une série de rites : crainte de la nuit et de l'obscurité, besoin d'un compagnon en peluche.
Rappelons enfin qu'à deux ans toutes les vaccinations et leurs rappels ont dû être faits.
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Développement psychomoteur et intellectuel

Une attention particulière sera apportée à l'étude du développement psychomoteur et intellectuel. C'est un examen qui demande patience et douceur et ne peut être bien fait qu'avec la participation de l'enfant et de la mère. On utilisera le test de Brunet-Lezine ou la version française du test de Denver (Sénécal-Bouchard) qui permet de mieux apprécier les variations individuelles qui existent normalement. Ces tests étudient la motricité globale, la motricité fine, le langage et la sociabilité.
A cet âge, l'enfant commence à s'asseoir seul et la station assise sans appui, le dos droit, est généralement acquise à la fin du 9e mois. Il commence à se déplacer « à quatre pattes » ou en se propulsant sur son arrière-train. La station debout avec appui est acquise avec proéminence des fesses. L'enfant, couché sur le dos, se retourne tout seul à plat ventre.
Pour l'observation de la motricité, du tonus et des réflexes ostéotendineux, on recherchera une asymétrie entre les deux hémicorps, une spasticité. On vérifiera la présence des réponses posturales normales à cet âge :
- signe du parachute : l'enfant, en position assise, étend le bras pour parer à la chute s'il est poussé latéralement par l'observateur ;
- signe du plongeon : l'enfant, projeté brusquement en avant vers le plan d'examen par l'observateur, répond par un mouvement de défense associant extension des membres supérieurs et ouverture des mains pour parer à la chute.
L'absence ou l'asymétrie des réactions peut traduire un déficit mineur.
La préhension, d'abord palmaire, évolue du bord cubital vers le bord radial et de la paume vers l'extrémité des doigts ; elle s'achemine, après la préhension avec participation du pouce, vers la préhension fine par la prise pouce-index. L'enfant prend un cube dans chaque main, joue à frapper deux objets, examine une clochette et va la faire tinter, joue à jeter ses jouets, mange seul un biscuit.
Sur le plan du langage, le babil est remplacé par des onomatopées que l'enfant va répéter : ba, pa, da, ma ; il réagit à son prénom.
L'enfant sait distinguer les étrangers de son entourage familier. Toute séparation déclenche de vives réactions d'angoisse et des pleurs. C'est la réaction de l'angoisse des huit mois (Spitz).

Au cours du dernier trimestre de la première année, la préhension s'affine, le contrôle de la station debout s'affirme et l'enfant est capable de faire quelques pas tenu par les mains.
De 12 à 18 mois apparaît la marche indépendante : l'enfant va pouvoir explorer l'espace lointain et faire quelques apprentissages.
Après 18 mois, les progrès de la marche sont rapides : l'enfant va pouvoir monter, seul, sur les pieds un escalier qu'il gravissait depuis quinze mois environ à quatre pattes. Puis il va les descendre. Il va marcher à reculons, commencer à lancer une balle, à donner un coup de pied dans la balle.
Dans la station debout, il présente une lordose lombaire et un genu valgum avec pieds plats qui peut persister jusqu'à 6 ou 7 ans.
Sa motricité fine se développe, il met et retire la pastille du flacon, il commence à faire une tour avec des cubes, il gribouille avec le crayon.
Dans cette période, le langage se développe : entre 12 et 18 mois, ce sont les premiers mots, exclamations ou onomatopées avec attribution d'une valeur significative. On arrive au mot-phrase : « maman » signifie aussi bien « j'appelle maman » que « voilà maman qui arrive » ou « voilà le sac de maman ». A 18 mois apparaissent les premières associations de mots : « papa pati ». Entre 24 et 27 mois, le vocabulaire s'enrichit mais le langage est encore enfantin. Entre 27 et 30 mois, c'est l'apparition du « je » qui implique que l'enfant s'individualise en tant que personne, puis apparaissent des phrases de 3 ou 4 mots.
Cette évolution du phonème à la syllabe, au mot puis à la phrase, se fait dans un ordre de succession strict bien que l'apparition des différents stades puisse varier suivant les collectivités, les niveaux socio-économiques, les familles et même, au sein d'une même famille, d'un enfant à l'autre. Le langage, encore plus que le développement psychomoteur, est fonction de la qualité affective et culturelle du milieu, mais le langage ne peut se constituer si la perception auditive est déficiente.
Les réactions sociales de l'enfant sont de plus en plus nombreuses : il demande en montrant du doigt, il imite les actions simples, se sert d'une cuillère, enlève un vêtement, demande son pot, demande à boire et à manger, place le rond puis le carré dans le trou de la planchette, reconnaît des images, montre les parties du corps.
Ce développement des fonctions cognitives peut être suivi par l'examen clinique et la pratique des tests (Gesell ou en France Brunet-Lezine, test de Denver...).
Ces tests aboutissent à donner un âge de développement psychomoteur, soit global, soit par secteur de développement. On peut également établir un quotient global de développement (QD) mais il s'agit d'une estimation du moment qui ne permet pas de prévoir l'évolution et de porter un jugement définitif.
Les conditions de vie sont d'une importance capitale pour l'édification optimale de la personnalité, car les capacités d'adaptation du jeune enfant aux variations des conditions de sa vie sont faibles et la méconnaissance de sa fragilité risque d'entraîner des destructions importantes.
Rappelons enfin que c'est au cours de la deuxième année que doivent être pratiqués :
- les injections de rappel des vaccinations diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche et Haemophilus b,
- le test tuberculinique contrôlant l'efficacité du BCG,
-  les vaccinations recommandées : rougeole, rubéole, oreillons
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Appareil oculaire

L'appareil oculaire sera examiné soigneusement avec une source lumineuse, la meilleure étant celle d'un ophtalmoscope. Les grosses malformations, les mouvements anormaux auront probablement été relevés antérieurement et l'examen visera essentiellement à dépister un strabisme. Le test du reflet pupillaire de la lampe est imprécis et on aura recours au test de couverture (« cover test ») : en masquant l'oeil, on note si l'oeil du côté opposé, prenant la fixation, bouge, ou bien en découvrant l'oeil on note s'il reste fixe ou au contraire bouge pour prendre la fixation.
Avec le test des lunettes à écran nasal, on place une paire de lunettes à verres neutres munis de deux secteurs nasaux écartés de 30 à 35 mm selon l'âge de l'enfant. Celui-ci fixe un objet dans l'axe sagittal du corps. S'il existe un strabisme convergent une partie de l'iris est masquée par le secteur du côté de l'oeil dévié ; s'il existe un strabisme divergent un croissant blanc de sclère est directement visible en dehors du secteur.
Il est difficile de mesurer en pratique courante l'acuité visuelle à cet âge. Le signe digito-oculaire et celui de l'éventail sont des stigmates d'acuité visuelle très faible. Un retard dans l'évolution de la préhension doit faire rechercher un trouble de la vision. Une vive réaction lorsqu'on cache un oeil peut déjà faire évoquer une mauvaise vision de l'oeil du côté opposé (test d'échappement). De même, une forte présomption d'amblyopie de l'oeil non fixateur est possible avec les lunettes à écran nasal ; la manoeuvre consiste à déplacer alternativement de la droite vers la gauche, puis de la gauche vers la droite, un jouet de fixation devant les yeux de l'enfant : si l'enfant voit correctement des deux yeux, il change d'oeil sans bouger la tête ; s'il a une forte dominance d'un oeil, il tourne la tête et même le corps pour maintenir la fixation avec son bon oeil réalisant ainsi le « signe de la toupie » de Badoche.
En cas de doute, la vision peut être appréciée avec des examens spécialisés : étude du nystagmus optocinétique, technique du regard préférentiel ou bébé vision (basée sur la propension du nourrisson à porter son regard sur un motif contrasté plutôt que sur une plage homogène), potentiels évoqués visuels.
On terminera cette partie de l'examen par celui de la cavité buccale (les premières incisives apparaissent en moyenne à 6 mois) et des tympans, surtout si l'enfant a déjà présenté une ou plusieurs otites.

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Examen du neuvième mois

Cet examen donne lieu à la rédaction du deuxième certificat obligatoire (tableau II).
Son but est :
- d'apprécier l'évolution de la croissance et le développement psychomoteur ;
- de rechercher des malformations ou anomalies méconnues lors des examens antérieurs. C'est ainsi qu'on découvre souvent un souffle systolique ;
- de dépister des anomalies neurologiques et en particulier sensorielles ;
- de vérifier que les vaccinations obligatoires ont bien été appliquées.
La consultation du carnet de santé et l'entretien avec la mère permettent de connaître rapidement les antécédents de l'enfant et en particulier son état lors de l'examen du huitième jour.
On notera les affections et les hospitalisations survenues depuis cette période et notamment la survenue possible de convulsions.
On contrôlera les pratiques alimentaires. A cet âge, l'enfant doit être à quatre repas à la cuillère, avoir un régime diversifié, recevoir un apport alimentaire vitaminique suffisant (jus de fruit ou hydrosols polyvitaminés, vitamine D - 800 à 1 200 unités par jour) et du fluorure de sodium (0,25-0,50 mg/j).
On précisera les conditions de vie : conditions de l'habitat, mode de garde de l'enfant : soit la mère à la maison, soit, si elle travaille, garde à la maison (par qui ?), placement en nourrice, en crèche traditionnelle ou familiale, changements de garde.
La durée du sommeil sera précisée : normalement, l'enfant doit dormir 11 à 12 heures la nuit, 1 h 30 le matin, 2 à 3 heures l'après-midi. On notera la prise éventuelle de médicaments, notamment de sédatifs le soir, devant faire rechercher un trouble de la relation de l'enfant et de son entourage.

 Examen clinique

 Développement somatique
Il sera apprécié par la prise des mensurations : poids, taille, périmètre crânien. Les chiffres trouvés seront reportés sur les courbes de croissance du carnet de santé qui, régulièrement tenues, permettent immédiatement de porter un jugement sur la vitesse de croissance.
- Le gain pondéral est important : le nourrisson aura doublé son poids de naissance à 6 mois, le triplera à 1 an. Une courbe de poids excessive, dépassant notamment le 97e percentile, conduit à rechercher une erreur de régime.
- A l'inverse, une courbe du poids insuffisante doit faire penser en particulier à une mucoviscidose et on sait qu'une baisse de la courbe de poids au moment de l'introduction de farine est un bon signe d'intolérance au gluten.
- La croissance en taille est très rapide : l'enfant, en un an, va grandir de 25 centimètres. Une insuffisance du développement statural sans déficit pondéral doit faire penser à une hypothyroïdie et faire pratiquer une mesure de l'âge osseux et un dosage de TSH et de la T4.
- Une insuffisance staturopondérale harmonieuse oriente vers une lésion organique (cardiopathie, néphropathie), une infection chronique ou récidivante (examen des urines) ou un problème psychosocial.
- La mesure du périmètre crânien est importante puisqu'elle reflète le développement du cerveau. A cet âge, la fontanelle antérieure est fermée mais on constate une dépression à son niveau. Un périmètre crânien excessif doit faire songer à une hydrocéphalie ou un épanchement sous-dural après avoir éliminé une macrocéphalie familiale. A l'opposé, un périmètre crânien insuffisant traduit une microcéphalie invitant à rechercher des signes neurologiques anormaux et un retard du développement psychomoteur.
Plus rarement une déformation du crâne avec soudure précoce des sutures et disparition des fontanelles fera porter le diagnostic de craniosténose.
Dès l'inspection, on pourra remarquer une pâleur cutanéomuqueuse liée à l'anémie hypochrome si fréquente à cet âge, que confirmera un taux d'hémoglobine inférieur à 11 g pour 100 ml. Cette anémie est facilement corrigée par un régime apportant du fer et on sait qu'elle peut être prévenue par un régime correct (apportant céréales et légumes verts) et l'utilisation des laits dits « de 2e âge » enrichis en fer (minimum 8 mg par litre).

 Peau
On notera l'état de la peau : l'évolution des angiomes plans ou tubéreux signalés précédemment, l'existence éventuelle d'une dermite ou d'un eczéma. Enfin, on recherchera soigneusement comme précédemment l'existence d'une cyanose discrète pouvant s'exagérer au cri et invitant à rechercher une cardiopathie.

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Examens de 1 à 24 mois


Les vingt examens systématiques dont bénéficient gratuitement tous les enfants français au cours des six premières années de vie sont naturellement tous importants.
Il nous semble cependant nécessaire d'insister sur les examens du 9e et du 24e mois qui donnent lieu à l'établissement d'un certificat médical obligatoire. Ce certificat n'a de valeur que si l'examen est correctement effectué.
Chaque examen durant les cinq premières années de vie devrait se faire en présence des parents : c'est le plus souvent la mère qui est présente bien que le nombre de pères assistant à la consultation soit en augmentation.
L'entretien avec les parents est toujours très important :
- pour juger de la situation familiale dans laquelle vit l'enfant ;
- pour donner les conseils nécessaires aux parents (éducation sanitaire).
Le point de départ est l'examen du carnet de santé de l'enfant qui, bien tenu, donne rapidement des renseignements précis sur :
- les antécédents de l'enfant : antécédents familiaux, grossesse, accouchement, croissance, courbes de poids, taille, périmètre crânien, développement psychomoteur et intellectuel, vaccinations, régime : vitamine D, fluor ;
- la famille, les conditions socio-économiques, le mode de vie...
- Le carnet de santé est un bon moyen de commencer l'entretien avec la mère. Bien tenu, il permet de la féliciter. Manquant ou incomplet, il peut être la traduction d'un manque d'intérêt, souvent inconscient, qui invite à explorer les relations parents-enfants. Par exemple, on s'enquerra des raisons qui font que l'enfant n'est pas vacciné : ignorance, insouciance, plus rarement opposition aux vaccinations. On demande ensuite aux parents s'ils ont quelque chose à signaler au sujet de l'enfant et, pour les aider, on demande s'il mange bien, s'il dort bien.
L'examen ensuite, bien que variable suivant l'âge de l'enfant, sera systématique et explorera toujours :
- le développement somatique : poids, taille (ou longueur couchée), périmètre crânien dont les mesures viendront actualiser les courbes ;
- le développement psychomoteur et intellectuel ;
- l'état de la vue, de l'audition, de la dentition ;
- l'alimentation.
Au cours des cinq premiers mois de la vie, on appréciera :
- la tenue de la tête (1 à 2 mois) ;
- l'apparition du sourire-réponse (2 mois) ;
- la disparition des réflexes archaïques (3 à 5 mois) ;
- l'ouverture des mains ;
- l'évolution du tonus ;
- le développement des fonctions visuelles permet l'analyse la plus fine, on notera successivement : fixation, puis convergence, poursuite oculaire dans les deux directions (horizontale puis verticale), enfin synergie des mouvements de la tête et des yeux.
Le cinquième examen systématique, celui effectué au quatrième mois, est détaillé dans le carnet de santé bien que ne donnant pas lieu à production d'un certificat médical. A cet âge en effet, le maintien de la tête doit être obtenu ainsi que le sourire-réponse. Le régime alimentaire doit commencer à se diversifier et les premières vaccinations doivent avoir été entreprises.
L'examen de 6 mois permet de préciser l'évolution de l'enfant :
- l'enfant doit avoir une alimentation diversifiée avec lait 2e âge et c'est le moment optimal du sevrage ;
- les premières vaccinations (diphtérie, tétanos, coqueluche, Haemophilus b, BCG, poliomyélite) sont terminées ou en cours ;
- l'examen neurologique et l'évaluation du développement psychomoteur du nourrisson passent par le dialogue avec les parents. L'enfant est ensuite observé alors qu'il est en « sécurité » : habillé, sur les genoux de sa mère, dans une pièce calme, sans intervention extérieure durant le temps de l'examen. A partir de l'âge de 6 mois, il faut souvent débuter l'examen par une phase de mise en confiance, par exemple en lui proposant un petit cube coloré posé sur la main de l'examinateur. L'enfant va le prendre, le manipuler, puis à partir de 8 à 10 mois un jeu d'échange peut s'installer avec l'examinateur.
- L'évaluation peut alors commencer. L'examen neurologique somatique se fera dans un second temps, en terminant par la mesure du périmètre crânien, qui déclenche souvent des pleurs. A 6 mois, la tenue de la tête est ferme et l'enfant la tourne aisément vers la source d'un bruit produit à l'horizontale ;
- il se tient assis avec appui et debout supporte une partie de son corps ;
- sur le ventre, il soulève la tête et les épaules, il est capable de se retourner ;
- la coordination entre les mains se développe et il commence à passer un objet d'une main à l'autre. Il est capable de prendre un cube sur la table ;
- il sourit au miroir et commence à reconnaître les visages familiers et étrangers.
Tout signe anormal doit faire l'objet d'un examen plus approfondi au besoin par un spécialiste. Ainsi en est-il d'un strabisme, d'une position anormale des mains et des pieds, d'une asymétrie du tonus...
Certains cas : anxiété de la mère, réponses pauvres aux personnes ou aux objets, absence ou rareté du sourire, absence d'intérêt aux jouets..., doivent éveiller l'attention, faire étudier le milieu dans lequel l'enfant vit et conduisent à revoir l'enfant un mois plus tard, sans attendre l'âge de 9 mois.
S'il s'agit d'un prématuré, il faut tenir compte de l'âge corrigé, c'est-à-dire l'âge de l'enfant à partir du début de la grossesse. Cependant, le « rattrapage » de développement avec les enfants nés à terme se fait entre le troisième et le sixième mois environ. Les performances de l'ancien prématuré sont donc celles de l'enfant né à terme, dans le deuxième semestre de la vie.
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Examens biologiques

En dehors des examens paracliniques qu'entraînent certaines constatations, deux recherches sont devenues maintenant systématiques : celle d'une hyperphénylalaninémie (encore appelée PCU, phénylcétonurie) par fluorométrie ou Guthrie et celle d'une hypothyroïdie par dosage de la TSH. Dans les deux cas, le dosage se fait à partir d'une goutte de sang. Au troisième jour de vie, après piqûre au talon, quatre à six gouttes de sang sont déposées sur un carton spécial ; il faut veiller à ce que le sang recouvre bien tout le cercle indiqué. Le carton est envoyé au centre régional et les dosages effectués dans un laboratoire agréé.
Rappelons qu'est considéré anormal pour la PCU tout chiffre supérieur à 4 milligrammes par 100 ml, pour l'hypothyroïdie tout chiffre supérieur à 30 micro-unités par ml. Dans les deux cas, il faut refaire rapidement l'examen et poursuivre éventuellement les investigations.
A partir du même carton de dépistage, certaines régions expérimentent un dépistage de mucoviscidose par dosage de la trypsine immunoréactive (éventuellement couplé avec la recherche des principales mutations du gène) ou d'hyperplasie congénitale des surrénales par dosage de la 17-hydroxyprogestérone.
L'examen se terminera par une éventuelle vaccination par le BCG, toujours utile à effectuer en période néonatale notamment si le milieu familial constitue un groupe à risque (gens du voyage, migrants, milieux très défavorisés).
Les résultats de l'examen sont consignés dans le carnet de santé et permettent l'établissement du premier certificat médical obligatoire qui sera envoyé au service départemental de PMI tandis que la famille adressera l'attestation cartonnée à l'organisme qui doit lui verser les prestations familiales.

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Evaluation des réflexes

Les réflexes ostéotendineux peuvent être vifs, parfois diffusés, chez le nouveau-né en dehors des réflexes achilléens souvent absents. Le réflexe cutané plantaire peut être en flexion ou en extension et perd ainsi sa valeur sémiologique chez l'enfant de moins d'un an. Le signe de Rossolimo (la percussion de la base plantaire des orteils provoque leur flexion réflexe brusque) est observé chez le nouveau-né mais disparaît physiologiquement en quelques mois.
Les automatismes primaires ou réflexes archaïques sont le reflet du niveau de maturation cérébrale et leur évaluation est particulièrement importante chez le prématuré :
- réflexe de Moro : ce réflexe est provoqué par toutes les manoeuvres produisant une rapide extension de la nuque. Une des meilleures techniques consiste à coucher l'enfant sur l'avant-bras de l'examinateur, la tête maintenue fléchie par la main, l'autre main maintenant l'enfant en équilibre. Brusquement, la main qui soutient la tête s'étend, mettant la tête de l'enfant en extension et déclenchant le réflexe qui peut ainsi s'exprimer librement. Les membres supérieurs se mettent d'abord en abduction (bras en croix), les mains s'ouvrent puis les membres se rapprochent (embrassement). Le mouvement est symétrique. Son absence les premiers jours témoigne d'une lésion cérébrale sérieuse et il doit avoir disparu au quatrième mois. Il permet également de dépister un déficit moteur unilatéral modéré par une asymétrie de la manoeuvre ;
- réflexe de succion dont la force et la rythmicité sont évaluées au doigt. Son absence chez un nouveau-né à terme traduit une atteinte cérébrale et, chez le prématuré, une insuffisance de force musculaire. Dans les deux cas, il faut nourrir l'enfant par gavage ;
- réflexe d'agrippement :
- aux mains : une stimulation de la face palmaire provoque la fermeture des doigts. Normalement, le réflexe disparaît entre 2 et 4 mois pour faire place à la préhension volontaire.
- Si par l'intermédiaire de cette prise, on effectue une traction (tiré-assis), une réaction en chaîne se déclenche ; la contraction diffuse à l'avant-bras, au bras, à l'épaule et au cou. L'enfant peut ainsi être soulevé du plan du lit ;
- aux pieds : les orteils se fléchissent sur le pouce de l'examinateur exerçant une pression à leur base. Le réflexe aux pieds persiste normalement jusqu'à dix ou douze mois ;
- réflexe de marche : soutenu debout et incliné en avant avec les pieds touchant la table, le nouveau-né répond par une alternance de flexions et d'extensions des membres inférieurs ;

- réflexe d'allongement croisé : l'enfant étant en décubitus dorsal, on maintient une jambe en extension par une pression sur le genou. On stimule alors la plante du pied correspondant. Au niveau du membre resté libre, on constate une flexion puis une extension avec adduction portant le pied libre à la rencontre du pied stimulé ;

- réflexe des points cardinaux : une stimulation douce péribuccale entraîne une ouverture et une rotation de la bouche et de la tête du côté de l'excitation.

L'apparition des réflexes archaïques se fait de la tête aux pieds. Un bon réflexe de la marche et d'allongement croisé témoigne d'un nouveau-né mature.
Enfin, plus récemment, Grenier a décrit une motricité libérée d'origine corticale chez le nouveau-né alors que l'examen clinique classique n'explorait que la motricité sous-corticale.

 Abdomen
L'abdomen est volontiers légèrement météorisé, facilement dépressible. Un diastasis des droits est banal ; le foie peut déborder le rebord costal de 1 à 2 cm ; la rate n'est pas palpable. Le cordon doit se dessécher à ce moment-là et tomber. La palpation des reins est souvent aisée à cet âge, surtout à gauche.

 Vue et audition
Dans la recherche d'un dépistage précoce des handicaps sensoriels, il a été proposé un examen soigneux de la vue et de l'audition.
- Pour l'appareil oculaire, rechercher :
- les anomalies des paupières, absentes (ablépharie) ou manquantes en partie (coloboma), soudées (ankyloblépharon), étroites (blépharophimosis), un angiome de la paupière pouvant entraîner ultérieurement une amblyopie ;
- la dimension des yeux : microphtalmie (et à l'extrême anophtalmie) ou buphtalmie.
- En s'aidant d'une lampe ou mieux d'un ophtalmoscope, on appréciera :

- la transparence de la cornée en l'éclairant de préférence latéralement ;
- l'état de la pupille ;
- l'état du cristallin :
- pupille en trou de serrure du colobome ;
- pupille de couleur acajou de l'aniridie ;
- pupille blanche par atteinte du cristallin (cataracte) ou par anomalie rétrocristallinienne.
- Par ailleurs, on recherchera :

- le réflexe d'attraction à la lumière douce : l'enfant est maintenu verticalement, une main soulevant la tête, face à la fenêtre, l'enfant fixant la lumière. On le fait tourner sur lui-même. Au début de la rotation, il continue à fixer la lumière, puis il la perd pour la rattraper du côté opposé, en tournant les yeux.
- le réflexe photomoteur qui doit être vif et se maintenir ;
- la motilité des yeux, le réflexe des yeux de poupée japonaise : les yeux ne bougent pas lorsqu'on fait tourner la tête de l'enfant.
- Pour l'audition, rechercher : une réaction au bruit en utilisant au mieux le babymètre de Veit et Bizaguet qui délivre un bruit blanc à des intensités variables.

Les réactions de l'enfant sont très diverses, parfois évidentes (arrêt des mouvements, grimaces, réflexe palpébral, sursaut, réflexe de Moro), parfois difficiles à noter (changement de rythme respiratoire). Elles ne peuvent être immédiatement recherchées une deuxième fois. Cet examen, difficile, est cependant nécessaire en cas d'antécédents familiaux de surdité et recommandé en cas d'antécédents pathologiques personnels. On sera parfois amené à demander des méthodes électrophysiologiques objectives telles que les otoémissions acoustiques provoquées ou des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral.

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Examen au cours de la première semaine

C'est le premier examen donnant lieu à l'établissement d'un certificat médical (tableau I).
Il a pour but d'apprécier l'adaptation de l'enfant à la vie extra-utérine et pour cela doit être pratiqué le plus tard possible, voire le huitième jour. Ainsi sera-t-il plus facile d'apprécier le bon établissement de l'alimentation, la remontée du poids, la cicatrisation de l'ombilic, la disparition de l'ictère physiologique.
Il peut être pratiqué au retour à domicile ; toutefois l'examen en maternité offre des facilités :
- l'enfant et la mère sont disponibles toute la journée ;
- les conditions matérielles d'examen sont bonnes : installation, aide de la puéricultrice ou de la sage-femme, présence et disponibilité de la mère ;
- il est possible de connaître les conditions de l'accouchement et quelquefois celles de la grossesse ;
- enfin, les services administratifs de la maternité peuvent aider la famille pour certaines formalités comme l'envoi dans les délais voulus à la CAF, de l'attestation qui accompagne le certificat.
C'est un examen difficile car s'adressant à un enfant apparemment normal. Toute pathologie ou anomalie évidente au cours des premiers jours de vie aura entraîné des examens complémentaires et même le transfert du nouveau-né dans un centre spécialisé. De même, tout nouveau-né « à risque » (diabète, intoxication chez la mère, toxémie gravidique, accouchement difficile, nouveau-né refroidi, etc.) aura fait l'objet d'une surveillance régulière. Pour dépister une anomalie latente, l'examen doit être complet et conduit systématiquement, de préférence, par un pédiatre néonatologiste.

L'examen doit se dérouler dans des conditions favorables : pièce calme et chaude, l'enfant nu placé sur une table recouverte d'un matelas caoutchouté.
L'examen sera fait à un moment où l'enfant est vigilant, évitant la période qui suit les repas et celle qui les précède. Il faut obtenir que l'enfant soit réveillé, puisse ouvrir ses yeux et ne crie pas (pour cela, se rappeler que le cycle de sommeil chez l'enfant nouveau-né est de deux heures et demie).
Il est indiqué de pratiquer l'examen en présence de la mère ; le médecin en profitera pour lui donner quelques conseils pratiques : alimentation, sommeil, sorties, mouvements à faire exécuter à l'enfant, jouets, vaccinations à pratiquer, rôle de la mère et de la famille dans le développement de l'enfant.
L'examinateur doit disposer de temps et être aidé par une infirmière ou une auxiliaire.

Elle a du être faite pendant la grossesse et consignée dans le carnet de santé-maternité de la mère.
Elle est indispensable pour une bonne prise en charge adaptée à chaque nouveau-né car les résultats de cette enquête permettront d'orienter l'examen du nouveau-né en fonction des éléments susceptibles de retentir sur l'état de l'enfant.
Il en est de même pour les modalités de l'accouchement.

 Mensurations
Poids, taille, périmètre crânien doivent être mesurés systématiquement et les mensurations portées sur le carnet de santé.
Rappelons qu'il faut être deux pour mesurer la longueur couchée et que la mesure du périmètre crânien doit être répétée deux ou trois fois.
Ces chiffres seront appréciés en fonction de l'âge gestationnel sur les courbes de croissance intra-utérine (courbes françaises) :
- poids de naissance moyen « à terme » : 3,390 kg ± 0,440 ;
- taille de naissance moyenne « à terme » : 50 cm ± 2 ;
- périmètre crânien de naissance moyen « à terme » : 35 cm ± 0,8.
Toutes ces notions sont capitales pour apprécier si l'on a affaire à un enfant pathologique ou dans les limites considérées comme normales (± 2 déviations standards (DS) ou entre les 3e et 97e percentiles, en tenant compte de la taille de la mère). Elles sont aussi nécessaires pour apprécier la croissance ultérieure de l'enfant.

 Evaluation de l'âge gestationnel
Chaque nouveau-né est classé en fonction de deux critères :
- la maturité : à terme (né entre 37 et 42 SA), prématuré (né avant 37 SA), postmature (né après 42 SA) ;
- la trophicité : eutrophique (poids entre le 3e et le 97e percentile pour l'âge gestationnel), hypotrophique (poids inférieur au 3e percentile), hypertrophique (poids supérieur au 97e percentile).
Cette évaluation est capitale car les risques encourus et la prise en charge sont différents pour chaque catégorie.
Néanmoins chacun des éléments évaluant l'âge gestationnel peut être mis en défaut. Ainsi la date des dernières règles est imprécise dans 30 % des cas mais la première échographie foetale faite avant 12 SA permet généralement de dater la grossesse à cinq jours près ; le poids peut être modifié par une pathologie : ainsi des enfants pesant moins de 2 500 g à la naissance peuvent être des nouveau-nés « à terme » et inversement, un nouveau-né de mère diabétique à 35 semaines peut parfaitement peser plus de 3 000 g.
Aussi, deux éléments de l'examen seront essentiels dans ces cas difficiles pour tenter d'évaluer l'âge gestationnel du nouveau-né :
- l'examen neurologique et, en particulier, l'évaluation du tonus des membres, du tronc et du cou ;
- l'aspect de l'enfant et l'évaluation des critères de Farr : aspect de la peau, des cheveux, du lanugo, des plis plantaires, du mamelon, des organes génitaux, élasticité du pavillon de l'oreille, auxquels on peut ajouter la longueur des ongles. Ces critères ne sont pas modifiés en cas d'hypotrophie foetale et permettent de diagnostiquer la pré- ou post-maturité.

 Inspection
Elle se fera sur un nouveau-né totalement nu, avant toute mobilisation intempestive évitant ainsi agitation et cris.
- Attitude de l'enfant : dans le décubitus dorsal, les membres sont fléchis, les poings fermés, la tête tournée sur le côté ; dans le décubitus ventral, la tête est mal dégagée, les membres supérieurs sont fléchis le long du thorax, les membres inférieurs fléchis soulevant le bassin.
- Anormalement, on pourra noter que les membres sont en demi-flexion ou étendus d'un côté ou des deux (valeur de l'asymétrie), que les orteils sont hyperfléchis ou en éventail.
- Motilité : le nouveau-né, être apparemment sous-cortical, n'a pas de mouvements volontaires mais présente des gesticulations désordonnées. Toute immobilité doit attirer l'attention surtout si elle persiste lors d'une excitation (paralysie du plexus brachial, atteinte musculaire). On recherchera des trémulations, mouvements de grande amplitude, durables, existant au repos ou survenant lors des stimulations. Elles sont à différencier des trépidations, mouvements vibratoires de petite amplitude survenant à l'occasion des mouvements et des clonies, secousses plus lentes, répétées, localisées, rythmiques, correspondant à des mouvements convulsifs. Les phénomènes toniques de raideur en extension d'un membre ont la même signification ; parfois des mouvements d'enroulement des avant-bras, des poignets et des doigts évoquent une atteinte des noyaux gris.
- Respiration : elle est régulière, 40 à 60 mouvements par minute, de type abdominal, le thorax bouge peu, le temps inspiratoire est égal au temps expiratoire. Le cri est vigoureux. On notera l'existence éventuelle de signes de lutte cotés par le score de Silverman : gasps, pauses respiratoires, tirage, balancement thoracoabdominal, anomalies du cri.
- Aspect de la peau : la peau est habituellement de coloration rosée. Un aspect marbré, réticulé de la peau (livedo) n'a pas de signification péjorative mais traduit simplement une instabilité vasomotrice.
Les cheveux sont très fins et une pilosité (lanugo) peut être retrouvée sur d'importantes parties du corps : front, joues, épaules, dos, cuisses.
Le nouveau-né est souvent porteur de petites télangiectasies, d'angiomes plans, sur la nuque, l'arête du nez ou les paupières. Ces éléments disparaissent à la fin de la première année et ne nécessitent jamais de traitement. Ils sont à différencier de certains angiomes plans localisés ailleurs et surtout des angiomes tubéreux.
Des zones pigmentées de teinte bleu ardoise, à contours nets, sur les fesses, le dos ou sur d'autres régions se voient chez la moitié des nourrissons de race noire et parfois chez ceux de race blanche. Bien qu'appelées taches mongoliques, elles n'ont aucune signification ethnique.
Un rash est fréquent les premiers jours, fait de macules, de papules de la taille d'une lentille avec un centre blanchâtre acuminé. Les éléments sont disséminés et prédominent au tronc. Ils apparaissent vers le deuxième, troisième jour et sont visibles jusqu'à la fin de la première semaine. Appelée sans raison « érythème toxique », cette éruption est fugace et bénigne.
Le milium est constitué de petits amas sébacés nombreux, minuscules, de la taille d'une tête d'épingle, sur le nez. Ils disparaissent spontanément.
Toute modification de couleur des téguments sera notée : une pâleur inciterait à rechercher d'autres signes d'anémie (ou de choc).
Systématiquement sera recherchée l'existence d'ictère, de purpura, de cyanose. Si cette dernière peut être évidente et généralisée, elle peut également être discrète. Il faut alors la rechercher avec soin à la lumière du jour, au niveau des lèvres, des ongles. Elle peut n'apparaître qu'aux cris.
Chez le nouveau-né, aucune valeur ne sera accordée à la cyanose uniquement localisée au visage après accouchement céphalique et circulaire serré du cordon. Elle est alors souvent associée à un purpura pétéchial lui aussi localisé à la face.
L'examen systématique se poursuivra de haut en bas.

 Au niveau du crâne
On perçoit normalement très bien la grande fontanelle losangique ; on appréciera les sutures qui ne doivent être ni largement ouvertes (hydrocéphalie) ni fermées (craniosténose).
Enfin, peuvent exister une bosse sérosanguine, un céphalhématome.
La bosse sérosanguine est un épanchement cutané dont les dimensions sont proportionnelles à la durée du travail. Elle va se résorber en quelques jours.
Le céphalhématome est un épanchement sous-périosté qui invite à rechercher d'autres hémorragies (fond d'oeil) et même à pratiquer une radiographie du crâne. Il est plus long à se résorber mais la surinfection est exceptionnelle.
Dans les deux cas, il s'agit d'une tuméfaction mais le céphalhématome est limité par un bourrelet et bien localisé à un os alors que la bosse sérosanguine peut chevaucher une suture.

 Au niveau du visage
Dès la naissance auront été diagnostiqués, nous l'avons vu, l'imperforation des choanes ou le syndrome de Pierre Robin. Seront étudiés ou recherchés : l'obliquité des fentes palpébrales, l'écartement des yeux (hypertélorisme), l'implantation des oreilles, le rétrognathisme, une fente labiale et d'autres anomalies.

 Au niveau du cou
On recherchera l'existence éventuelle d'un pterygium coli (pli cutané s'étendant du cou à l'épaule), d'un goitre, d'une tuméfaction latérale pouvant faire évoquer le diagnostic d'hématome du sterno-cléido-mastoïdien.

 Au niveau du thorax
Noter la forme du thorax. Nous avons vu précédemment les signes des hernies diaphragmatiques.
Il peut exister normalement une tuméfaction des seins pouvant atteindre la dimension d'une noix et dont la pression fait sourdre une sérologie laiteuse. Cette tuméfaction mammaire, improprement appelée parfois « mammite », n'est que le reflet de l'action des hormones maternelles sur la glande mammaire. Elle disparaît en quelques jours et il est exceptionnel qu'elle s'infecte.

 Au niveau de l'abdomen et du dos
L'abdomen est proéminent mais souple. On notera l'aspect du cordon et l'existence éventuelle d'une hernie ombilicale.
A la base de la colonne vertébrale existe souvent une dépression sans signification pathologique : la fossette coccygienne. Mais lorsque existent dans cette région naevi, masse lipomateuse, touffe de poils, il faut se méfier d'un défaut de fermeture du tube neural, faire un examen neurologique attentif et demander une radiographie ou mieux une échographie du rachis lombosacré.

 Au niveau du périnée
L'examen des organes génitaux ne doit pas être oublié.
- Chez la fille : la vulve est antérieure, les grandes lèvres sont peu développées, le clitoris et les petites lèvres apparaissent plus saillants, nettement oedématiés les premiers jours. La crise génitale s'accompagne d'une sécrétion vaginale assez abondante persistant une dizaine de jours. Chez l'enfant « à terme », cet écoulement peut même être hémorragique.
- L'examen de l'hymen sera systématique si l'on découvre une tumeur abdominale (hydrométrocolpos).
- Chez le garçon : on examinera la verge à la recherche d'une anomalie d'abouchement de l'urètre (hypospadias). On notera : la position des testicules, la dimension de l'anneau et l'existence d'une éventuelle hernie inguinale ; l'hydrocèle vaginale est banale : tuméfaction bien limitée, rénitente, habituellement unilatérale, régressant spontanément en quelques semaines.
Une miction difficile, au compte-gouttes, traduit le syndrome des valves de l'urètre postérieur dont le traitement est urgent pour éviter des lésions rénales graves.
Nous avons signalé l'examen de l'anus et le dépistage d'une éventuelle imperforation anale.
Durant les premiers jours de vie, l'enfant émet un méconium, substance noire, collante, poisseuse. Tout retard d'émission du méconium (plus de 18 heures) doit faire envisager notamment un mégacolon congénital ou une mucoviscidose. En cas d'ictère, il ne faut pas négliger de regarder la couleur des selles : des selles décolorées « mastic » doivent faire évoquer le diagnostic d'atrésie des voies biliaires.

 Au niveau des membres
Noter une polydactylie, une main bote.
Examiner les plis palmaires ; l'existence d'un pli palmaire médian est un signe fréquent dans les aberrations chromosomiques et une brachymésophalangie du V se voit dans les trisomies 21.
Le pied est normalement fléchi sur la jambe mais l'existence d'un pied bot implique un traitement immédiat.
Nous avons vu l'importance de rechercher une anomalie de la hanche et décrit le signe du ressaut de Le Damany qu'il vaut mieux avoir recherché plus tôt mais dont on pourra noter la persistance invitant à mettre l'enfant en position d'abduction et à surveiller l'évolution.

 Examen cardiovasculaire
- L'auscultation se fera dans le calme, au besoin après un biberon, avec un stéthoscope de petit diamètre, réchauffé.
- Le rythme cardiaque d'un nouveau-né est plus rapide que celui d'un enfant ou d'un adulte, de 120 à 140 battements par minute au repos.
- La découverte d'un souffle systolique à cet âge de vie doit entraîner une surveillance répétée, mais elle n'a pas une signification univoque :
- 80 à 90 % des souffles perçus au cours des 24 à 48 premières heures de vie ne sont plus perçus après le troisième mois ;
- chez 20 % des enfants décédés au cours du premier mois de vie par cardiopathie congénitale, aucun souffle n'avait été entendu.
- La palpation des pouls périphériques doit être systématique, en particulier celle des pouls fémoraux pourtant difficile.

- La tension artérielle (TA) sera prise au flush ou mieux au Doppler en dehors de tout cri ou agitation. Chiffres normaux chez le nouveau-né : systolique 59 mm, ± 12 mm de mercure. Cette technique longue devra être utilisée lors de toute anomalie de palpation des pouls en comparant la TA aux membres supérieurs et inférieurs.

L'examen est complété par l'auscultation du crâne, des vaisseaux du cou et de l'abdomen à la recherche d'un souffle vasculaire.

 Examen pulmonaire
L'examen de cet appareil comporte les mêmes temps que celui de l'adulte. Néanmoins, il nécessite une certaine expérience, du fait de la rapidité du rythme et de l'encombrement pulmonaire à cet âge ; il doit comporter la recherche d'une glossoptose, d'une division palatine (syndrome de Pierre Robin).

 Examen neurologique
L'examen neurologique du nouveau-né peut être variable, dépendant de son état d'éveil, de sa faim, de son irritabilité. Il est d'ailleurs important de noter la succession de ces phases au cours du nycthémère. L'examen neurologique sera répété s'il n'a pas été fait dans les conditions optimales, l'enfant éveillé, calme, ou s'il existe un doute sur sa normalité. Il commence par l'observation de la motilité spontanée de l'enfant qui doit être riche et symétrique. L'enfant fléchit les membres, décolle les racines, présente des mouvements fins, délie les doigts (une attitude permanente poing fermé, pouce en adduction peut traduire une hypertonie d'origine centrale). Dès ce premier contact avec l'enfant, on peut noter ses réactions aux bruits, à la lumière sur lesquelles nous reviendrons.

 Evaluation du tonus
Le tonus actif tient sous sa dépendance l'attitude de repos, la mobilité et surtout les grandes réactions motrices de redressement.
- Redressement de la tête : l'enfant couché sur le dos est tiré par les poignets comme pour l'asseoir (tiré-assis). On recherchera la réaction en chaîne avec mise en contraction des muscles de l'avant-bras et du bras, de l'épaule et du cou. La tête reste dans le plan du tronc, pendant quelques secondes, avant que le tronc ne soit à 90° du plan. Cette épreuve explore le tonus des fléchisseurs du cou.
- En position assise, la tête oscille puis tombe en avant lorsqu'on penche l'enfant. Dans cette position, on voit l'enfant essayer de soulever la tête, le menton s'écarte du thorax. Cette manoeuvre explore les extenseurs.
- Redressement global de l'axe corporel : l'enfant maintenu en position debout prend appui sur le plan du lit ; survient alors une réaction d'extension en chaîne : extension des jambes sur les pieds, des cuisses sur les jambes, du bassin sur les cuisses, puis du tronc, enfin de la tête.
- Réaction posturale en décubitus latéral : l'enfant couché sur le côté est soulevé du plan du lit. Il présente une incurvation du tronc du côté homolatéral et une flexion du membre inférieur controlatéral. Dans cette position, l'enfant essaie de redresser l'axe.
- Le tonus de fond ou tonus périphérique est apprécié par l'étude des angles :
- angle talon-oreille : l'enfant en décubitus dorsal, les membres inférieurs sont maintenus en extension dans l'axe du tronc et fléchis sur le bassin pour élever les talons à la verticale puis vers l'oreille de l'enfant. Normalement la flexion ne dépasse pas 90° chez le nouveau-né à terme ;
- angle poplité : l'enfant en décubitus dorsal, cuisse à angle droit, on étend la jambe sur la cuisse en exerçant une pression sur le tendon d'Achille. A un moment on sent une résistance ; on mesure alors l'angle de la jambe sur la cuisse. Il est normalement de 90° ;
- dorsiflexion du pied : la jambe est maintenue en extension, le pied fléchi sur la jambe, l'angle de 0° à la naissance va atteindre 20° en quelques jours ;
- angle des adducteurs : les membres inférieurs allongés sont écartés et font un angle de 110°. On notera surtout une asymétrie de l'écartement ;
- signe du foulard : on porte la main vers l'épaule opposée. Cette manoeuvre rencontre une certaine résistance empêchant d'atteindre l'épaule (foulard = 0). Le signe est noté 1 si la main atteint l'épaule et 2 si le bras « s'enroule autour du cou ». On peut également noter la position du coude par rapport au mamelon au cours de la manoeuvre.
L'étude du tonus périphérique est complétée par l'évaluation du ballant des extrémités qui doit être symétrique et par la mobilisation passive articulaire à la recherche d'une hyperlaxité ligamentaire ou, au contraire, de rétractions tendineuses.

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